HEdS-FR & COVID-19: une implication diversifiée et active

Le secteur de la santé vient de traverser une crise sanitaire unique et sans précédent. Face à la pandémie de COVID-19, la Haute école de santé Fribourg a apporté tout son soutien à la lutte engagée contre le virus.
Nataly Viens Python, Directrice de la Haute école de santé Fribourg, revient sur les actions déployées au cours des derniers mois.

La Haute école de santé Fribourg s'est immédiatement impliquée dans la lutte contre le coronavirus. Que retenez-vous de cette période si particulière?

J'ai l'impression qu'il y a eu un point de rupture depuis lequel le temps a pris plusieurs dimensions. Une première, celle de l'urgence sanitaire avec, pour nous, l'importance d'apporter du renfort et nos compétences au service du système de santé. Une seconde, avec ce temps « immobile », rempli par des séances en télétravail, afin d'organiser la poursuite des semestres d'études dans les filières. Si je regarde ce que nous avons fait depuis mars, je suis épatée par la diversité des actions que nous avons menées. Comme l'ensemble de la population et des milieux économiques, le coronavirus nous a affecté dans notre fonctionnement et notre organisation. D'autant plus que le cœur de notre mission est en lien avec la santé ! Nous avons dû composer pour continuer à exercer nos missions et aussi affirmer nos expertises pour soutenir les institutions, c'est à dire nos collègues, dans leurs actions.
L'émergence de la pandémie a mis les systèmes de santé sous tension. En tant qu'acteur du secteur de la santé, nous nous sommes immédiatement mis au service des institutions du canton pour les soutenir en favorisant l'implication des étudiants dans les structures de soins spécifiques liés au COVID: que ce soit dans les services de soins ou à la Hotline mise en place en avril. Ensuite, en collaboration avec d'autres partenaires de l'Etat, nous avons développé un service de JobCenter, permettant de mettre en relation les personnes disponibles pour s'engager en période COVID avec les institutions en recherche de personnel. Je constate que le coronavirus a mis en avant notre capacité d'innovation et l'engagement des personnels d'enseignement et administratif. Par exemple, une maître d'enseignement ayant été appelé en appui pour mettre sur pieds un centre de dépistage, a ensuite développé le projet de télénursing afin d'apporter un soutien aux personnes qui rentraient à domicile après une hospitalisation ou un diagnostic COVID. Ce service de Télénursing a permis de soutenir ces personnes à gérer leurs symptômes et développer leur capacité d'auto soins. Assurée par des étudiantes, encadrées par du personnel enseignement, les appels permettaient de traiter toutes leurs préoccupations de santé.
En tant que haute école spécialisée, nous sommes capables de proposer des solutions utiles et pertinentes pour le système de santé, et cela aussi en temps de crise ou de situation exceptionnelle. C'est une des forces des Hautes écoles spécialisées,qui s'exprime à travers des prestations de services, des projets de recherche ou d'innovation. Nous avons misé sur ce que nous savons faire et sur notre réactivité pour rendre notre expertise disponible à tous les niveaux.
Par ailleurs, certain membre du personnel ont été engagés, en parallèle à leurs activités d'enseignement, dans des établissements de santé ou encore auprès de services de soins intensifs. Je félicite et remercie encore tout le personnel de la HEdS-FR pour leur engagement. Et je souligne que les étudiant-e-s de nos deux filières – soins infirmiers et ostéopathie – ont été exemplaires dans leur mobilisation, tant sur le terrain que dans le suivi des enseignements à distance.

Etudiant-e-s et enseignant-e-s ont dû s'adapter à de nouveaux modes d'enseignement et à une situation sanitaire exceptionnelle. Concrètement, quels sont les effets sur la formation et l'obtention des diplômes?

L'enseignement en Haute école spécialisée dans le domaine de la santé implique du temps de formation pratique et clinique. Or la COVID-19 a provoqué la fermeture de nombreux services hospitaliers dits «non prioritaires ». Nous avons dû tout réorganiser en très peu de tempset retrouver des places de stages. Au final, tous nos étudiants ont pu effectuer leurs stages pratiques et ont pu suivre les enseignements à distance. Nous avons d'ailleurs mis en place un dispositif pour reconnaître les compétences acquises spécialement en lien avec la COVID ; en accord avec les autres HES en santé de la HES-SO.
Nous allons donc avoir cette année une volée de jeunes diplômés en soins infirmiers exceptionnelle. Aucune autre volée n'aura pu vivre ainsi, de l'intérieur et en direct, une pandémie d'une telle ampleur. Les enseignant-e-s soulèvent que les étudiants ont énormément gagné en posture professionnelle ; la profession qu'ils ont choisie était en première ligne.
La situation fut plus complexe pour les étudiants en ostéopathie, qui eux, ont dû interrompre leurs stages. Leur parcours de fin d'études est modifié afin de rattraper ce moment de fermeture et compléter le temps de formation clinique requis. En revanche, ces étudiant-e-s se sont aussi largement impliqué-e-s dans les projets COVID, que ce soit à la Hotline et aussi dans le projet de télémédecine mis en place au HFR.
Pour ma part, j'ai été marqué par l'implication de tous ces étudiant-e-s. C'est un bonheur de voir des jeunes qui s'engagent en première ligne, à l'aube de leur carrière, pour répondre aux besoins de la population.

Dans la gestion de la crise, la Haute école de santé Fribourg a également été impliquée pour la gestion de la crise auprès des autorités cantonales. Pouvez-vous nous expliquer quelles sont les missions d'une haute école spécialisée dans une telle situation?

Au-delà de ses missions d'enseignement, de formation et de recherche appliquée & développement, la HEdS-FR est également un acteur à part entière du domaine de la santé et ce tout particulièrement pour son canton. A ce titre, nous nous sommes immédiatement mis au service des décideurs et des autorités cantonales avec la volonté de proposer et /ou développer les projets pouvant apporter une contribution à la population. Notre présence au sein de l'Organe cantonale de conduite (OCC) et les contacts réguliers avec les responsables de l'Organe de Contrôle sanitaire (OCS) nous ont permis d'apporter nos impulsions et de contribuer au développement de solutions, dans les meilleurs délais, pour répondre aux besoins en personnels. Pour ce personnel volontaire, parfois au minima formé pour aller en milieu épidémique, nous avons organisé des formations spécifiques relatives aux mesure de précautions à respecter en situation d'épidémie dans les milieux de soins.
La profession d'infirmier-ière demande la capacité d'adapter ses pratiques, en continu, avec les connaissances de santé publique, médicales, techniques. Le coronavirus a aussi forcé la mise à jour de bonnes pratiques en matière d'isolement et de prévention des infections. Pour appuyer les professionnels en place (hors milieu hospitalier) dans les EMS et soins à domicile, nous avons réalisé, en français et en allemand, des tutoriels sur les bonnes pratiques de gestes majeurs en milieu de soins (EMS). Ces vidéos ont été mise sur youtube pour un libre accès des soignants. D'autres part les enseignant-e-s et les responsables du centre de simulation ont su profiter de cette période d'enseignement à distance pour développer des tutoriels spécifiques et organiser l'enseignement à distance avec ces nouveaux outils, en un temps record.
Je suis fière que notre agilité et notre réactivité nous aient permis de proposer des solutions innovantes et pertinentes, tant pour les professionnels en place que la population dans différents contextes de vie.

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